Tatiana Patchama : une artiste qui ravive notre âme d’enfant

Tatiana Patchama, une artiste aux multiples talents, nous emmène dans un monde féérique. À travers ses œuvres, on se sent retomber en enfance. Commissaire de l’exposition « jeux d’artifices », en plus d’être plasticienne, elle est également passionnée par la scénographie et le montage d’exposition. Cet article vous en dira plus sur cette femme pleine d’inspiration et d’entrain.

Qui est Tatiana Patchama ?

Je m’appelle Tatiana Patchama, je suis réunionnaise et j’ai 37 ans. Je suis artiste commissaire. J’ai fait des études d’art à l’école des Beaux-arts de la Réunion et en parallèle des études d’édition numérique à Paris VIII.

Tatiana Patchama l’artiste commissaire de l’exposition « Jeux d’Artifices »

J’oeuvre également dans la scénographie et le montage d’exposition. J’expose et participe activement aux expositions collectives et artistiques de l’Océan Indien.

Peux-tu nous parler de l’exposition Jeux d’artifices ?

J’ai conçu Jeux d’Artifices spécialement pour le jeune public, mais ce n’est pas dédié uniquement au jeune public, l’exposition est également ouverte aux adultes. J’ai réalisé cela afin de familiariser les enfants et les jeunes avec l’art contemporain. C’est une manière de façonner leurs perceptions sans pour autant les influencer.

Tatiana Patchama, quelles sont les particularités d’une artiste commissaire ?

Une artiste-commissaire est à la fois artiste et commissaire. Un commissaire conçoit des expositions en sélectionnant des œuvres d’artistes dont la démarche et le travail permettent de proposer une vision collective sur une problématique sociale. J’ai aussi un rôle d’artiste en parallèle, en faisant des recherches personnelles. Et je les intègre parfois dans mes projets d’expositions. Comme par exemple dans Jeux d’artifices, j’ai réalisé des installations en fil. Lorsque je conçois les dispositifs c’est aussi une façon de proposer un autre point de vue sur les œuvres aux spectateurs.

Une œuvre de Tatiana Patchama portant sur le thème d’Alice au pays des merveilles

Dans cette exposition Jeux d’Artifices, par exemple, j’ai sélectionné diverses œuvres d’artistes internationaux, puis j’ai créé des dispositifs ou de nouvelles créations, une copie non conforme à l’originale.

As-tu toujours aspiré à devenir artiste ?

Étant petite, je n’ai pas été élevée avec la culture de l’art, car mes parents n’étaient pas passionnés par cette discipline. Je n’allais pas dans les musées, et l’art n’était pas non plus très enseigné à La Réunion. Par contre, j’aimais bien lire, et j’aimais beaucoup dessiner, les dessins dans les livres m’ont inspiré.

J’ai commencé à construire des images dès l’âge de 10 ans. Et depuis, je savais ce que je voulais faire :D.

Tatiana, comment trouves-tu l’art à Madagascar ?

Je ne connais que quelques artistes malgaches, mais j’admire personnellement la capacité des artistes malgaches à joindre la culture malgache et l’artisanat avec l’art.

Pourquoi avoir choisi Madagascar pour lieu d’exposition ?

J’ai une affection particulière pour cette grande île depuis ma première exposition, parce que ma vraie première exposition s’est passée ici, à l’Institut Français de Madagascar. C’était lors du Festival du Film Court, vers 2006 si je ne me trompe pas :D. Je suis vraiment très contente d’y revenir.

Qu’est-ce qui t’importe le plus lors de tes expositions ?

À travers mes œuvres, j’essaie d’encourager les gens, surtout le jeune public, à interagir avec l’art et à le comprendre. De plus, je pense qu’il n’y a pas de meilleure façon d’apprendre que la manipulation et c’est une manière de transmettre du savoir. C’est pour cela que j’adore que le public participe à l’exposition en touchant les œuvres. Alors qu’en général, on ne peut pas les toucher, j’aime bien le fait de les partager avec le public.

Laquelle de tes œuvres affectionnes-tu le plus ?

Parmi toutes mes œuvres, j’affectionne particulièrement l’exposition « Terrain vague à usage poétique », tout simplement parce que lorsque j’ai réalisé ce travail, j’étais seule et j’étais acharnée jour et nuit, à presque ressembler à un extra-terrestre. En voyant cela, les habitants de ma ville m’ont donné la main et m’ont énormément aidé. Et depuis, c’est devenu mon œuvre favorite.

Cette œuvre intitulée « terrain vague à usage poétique » a été réalisée à partir de différentes matières recyclées

Avec quels artiste(s) malgache(s) aimes-tu travailler ?

j’adore le travail de Joël Andrianomearisoa, mais je n’ai jamais travaillé avec lui en tant qu’artiste. J’ai pu le rencontrer et travailler avec lui lorsque j’étais assistante à la galerie Béatrice Binoche et c’est à cette occasion que j’ai découvert son travail sur le papier et le textile. J’ai beaucoup de respect pour ses œuvres et sa démarche d’artiste contemporain.

L’artiste plasticien Joël Andrianomearisoa

Quel autre métier aurais-tu aimé faire si tu n’étais pas une artiste ?

Aucun, j’essaie parfois d’imaginer ce que j’aurais pu faire d’autre, mais rien ne me vient à l’esprit. Je considère souvent que je n’ai pas de métier. J’ai plusieurs compétences que je mets au service de mes idées, mes rêves, mes projets ou au service des projets des autres.

Cela me donne l’impression que je ne suis pas limitée par un métier, alors tout devient possible. Chaque proposition, chaque rencontre peut être une opportunité d’acquérir de nouvelles connaissances et d’apprendre à mieux connaitre ce qui est vraiment important pour moi.

Est-ce que tu as un objet fétiche ?

J’ai un petit éléphant qui m’accompagne dans chacun de mes voyages… rien de bien original :).

Tatiana Patchama, qu’est-ce qui t’inspire en tant qu’artiste ?

Ce qui m’inspire le plus ce sont les plantes, la nature en général. Je la trouve bienveillante, créative et persévérante.

Et ta plus grosse bêtise quand tu étais enfant ?

J’ai dû en faire beaucoup, mais le seul souvenir qui me vient à l’esprit dans l’immédiat, c’est d’avoir un jour découpé une étoile dans le fauteuil de bureau de mon père. 

Quel message aimerais-tu faire passer à nos lecteurs ?

J’adore le message du petit prince, et je voudrais le partager : « L’essentiel n’est pas visible par les yeux » . À mon avis, les œuvres d’art sont comme les individus, on peut les aimer ou non, mais il faut être disposé à voir au-delà de l’apparence pour vraiment les comprendre.

Tatiana Patchama nous éblouira à travers ses œuvres durant l’exposition « Jeux d’Artifices ». Même si c’est le jeune public qui sera à l’honneur, comme notre commissaire nous l’a dit, cela n’empêche pas les adultes de faire plaisir à leurs sens. Tatiana, j’espère que ton séjour à Madagascar se passera à merveille.

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