04/12/2018. Nate Tex est un jeune chanteur malgache qui a su profondément toucher le cœur de ses fans par ses chansons aux paroles sentimentales et sa musique hors du commun. Nous avons eu le privilège de discuter avec lui et de lui poser quelques questions sur sa carrière de chanteur.
Bonjour Nate, merci de nous avoir reçus pour cet interview :). Parle-nous un peu de toi et de ce que tu fais dans la vie.
Bonjour :), alors mon vrai nom c’est Zonirina Nantenaina Ratsiandavana. J’ai 25 ans et je suis comédien-chanteur. Je fais partie du groupe de théâtre La Compagnie Miangaly.
Au début le chant était pour moi une simple passion, mais aujourd’hui j’ai réalisé que c’était ma vocation alors j’en ai fait un métier. J’ai essayé maintes fois de trouver ma voie, j’ai même fait des études, mais en vain. Je n’ai pas trouvé chaussure à mon pied.
J’ai donc décidé de me focaliser sur la musique, un domaine qui me paraissait être une évidence. Et outre la chanson, j’adore aussi la natation et la lecture :).
Pourquoi le nom de scène « Nate Tex » ?
En 2011, j’ai participé à un concours de chant organisé par une chaîne malgache. J’avais décidé de me présenter sous mon prénom Zo, mais le réalisateur a trouvé que Nate venant de Nantenaina était plus intéressant et plus accrocheur. Alors j’y suis allé sous le nom de Nate.
De plus, quand j’étais gosse, mes cousins et moi avions formé un petit groupe de Rap (rires) et à l’époque, Tex était mon nom de guerre. J’ai alors décidé de combiner ces deux pseudo pour en faire mon nom de scène actuel : Nate Tex.
Est-ce que le fait de devenir célèbre t’a changé ?
Mhhhh… je pense que je ne serais pas en mesure de répondre à cela (rires). Je crois que seuls mes proches pourront en juger. Mais tout ce que je peux dire c’est que mon métier n’a affecté aucunement ma personnalité et mes relations avec mes proches. Je suis toujours le même :).
Je tiens quand même à préciser que j’évite le plus possible les bains de foule et les sorties dans les endroits bondés. Mais je respecte mon public, je ne reste pas indifférent aux petits messages de mes fans et aux commentaires sur les réseaux sociaux, sauf à ceux qui me harcèlent (rires).
Comment es-tu devenu le Nate Tex d’aujourd’hui ? As-tu rencontré des difficultés ?
Woooh… Vraiment beaucoup ! Il y avait même un moment où je voulais abandonner et ne plus continuer la musique. Mais j’ai vite retrouvé le bon pied pour me relever.
J’ai été forgé dans le scoutisme d’où ma personnalité persévérante. Vous savez, j’ai baigné dans la chanson longtemps avant d’être « célèbre » (rires).
Je ne m’attendais pas à devenir célèbre étant donné que je n’avais pas rencontré un grand succès en 2011. J’avais vraiment très peu de notoriété à l’époque malgré tous mes efforts. Mais cette fois-ci, j’ai juste laissé parler mon cœur et mon inspiration, c’était juste pour le plaisir de partager. Et je suis là aujourd’hui. La passion est donc la clé ;).
D’ailleurs, je n’ai jamais fait de matraquage ni à la télé ni à la radio. Je n’ai fait que partager sur les réseaux sociaux jusqu’à ce que je constate que le public adorait ce que je faisais. Du coup, j’ai dû investir pour ne pas décevoir mes fans et j’en ai fait une profession.
Ce n’est qu’à partir de mon tube « Tsy afaka » que j’ai décidé de plus médiatiser mes œuvres. Parfois je ne me rends pas encore compte que les gens aiment vraiment ce que je fais :).
« Tsara tso-drano » est le tube qui a boosté ma carrière je pense. Mais avant celui-là j’ai également sorti « M’fly away », une chanson que j’avais déjà écrite il y a longtemps pour une fille qui m’inspirait. Vers 2015 si je me souviens bien xD. Au début, c’était juste pour le fun, mais après Farao de THT a proposé de m’aider, car la chanson lui a plu. Je peux donc dire que ma carrière de chanteur a décollé grâce à ces deux tubes.
Possèdes-tu des collaborateurs ?
Évidemment, je ne pourrais rien faire sans mes musiciens et mes choristes. En fait, Nate Tex est un groupe composé de 7 personnes. Même si je suis l’auteur-compositeur de mes chansons, ma guitare ne suffit pas pour donner du lourd :).
Nous collaborons également avec le studio d’enregistrement « MIOU SONOR » et en ce moment nous clôturons mon dernier album. (Découvrez aussi Fy Rasolofoniaina & His Band, artiste Malgache qui collabore aussi avec ce studio)
Quant à la production de mes tubes « Tsara Tso-drano » et « Tsy afaka », de très bons amis à moi, comme Thierry Ratsimba, m’ont prêté main-forte. À cette époque nous n’avions même pas les moyens de louer un endroit approprié et dans les normes. On s’est contenté d’une petite chambre sombre qui était à notre disposition et c’est là qu’est venue l’inspiration pour le clip.
Des amis se sont également dévoués pour créer une chorégraphie, d’autres s’occupaient de la décoration et des lumières… J’ai également bénéficié de l’aide de mes amis de la Compagnie Miangaly. On a fait avec les moyens du bord, je n’espérais même pas que le rendu serait aussi génial !
Comment trouves-tu l’inspiration ? Qui est ton idole ?
Le mot idole serait un peu exagéré :). Mais sinon, je trouve que Bruno Mars est une source d’inspiration pour moi, je l’admire beaucoup.
Et pour mes chansons, l’inspiration vient quand il veut. C’est comme quand on était au lycée, lors des rédactions, parfois tu bloques car l’inspiration ne vient pas xD.
Il faut du temps pour sortir quelque chose d’unique et donc, j’écris quand quelque chose m’inspire :). Je préfère ne rien produire que d’avoir un truc banal qui ne touche personne. Mes chansons me parlent et donc forcément elles parlent de ce que je vis, je m’inspire également des choses vécues et des expériences de mon entourage.
Être artiste à Madagascar, ça a des inconvénients ?
Vous ne pouvez même pas imaginer ! Parfois, je me dis même que je me suis peut-être trompé de pays (soupir). Dans les autres pays, l’art participe activement à l’économie, mais à Madagascar, mon métier ne contribue même pas à 1 % de cela !
Les artistes malgaches souffrent vraiment d’un problème de financement. Il existe des tonnes de chemins et de projets à l’extérieur pour dynamiser l’art à Madagascar, mais si aujourd’hui je dépose mon dossier au Ministère de la Culture, ils pourraient mettre jusqu’à 3 ans pour soi-disant « l’étudier », mais au final, cela restera sans réponse. L’art à Madagascar est donc assujetti à la frustration, mais il faut vivre avec ! Mais quand même, il y a certains chanteurs malgaches qui ont réussi à l’international.
Selon toi, qu’est-ce qui te différencie des autres chanteurs malgaches ?
Euh… je ne sais pas… Je pense que c’est à mon public que vous devriez poser cette question. Moi, je suis encore un artiste qui galère dans les banlieues. J’ai encore beaucoup à apprendre.
Une préférence parmi tes chansons ?
Oui ! Évidemment j’aime toutes mes chansons, ce sont mes bébés, je les aime toutes sans exception. D’ailleurs, il faudrait être tordu pour ne pas aimer et apprécier ses propres œuvres xD! Mais personnellement, le tube « Itsikio » est spécial à mes yeux. C’est mon préféré !
Il aide les gens à se relever en cas de coup dur dans la vie, en cas de dépression. Et d’ailleurs, une fois, une fan m’a raconté que cette chanson lui a permis de revoir le bon côté de la vie après une terrible dépression. Les paroles servent d’encouragement pour ceux qui ne croient pas en eux.
La prochaine question intéressera plutôt les jeunes filles :). Côté cœur, où en es-tu ?
Mhh… (rires), bon, je pense que je vais garder le mystère sur cette partie. Nate Tex a quand même le droit d’avoir un petit jardin secret, n’est-ce pas ?
Vous le saurez au fil du temps, mais pour le moment, je vais garder ça pour moi ! xD.
Une petite anecdote qui a marqué ta carrière ?
Le tournage du clip de « Tsy afaka » était un cauchemar ! Je me suis rendu à Tamatave avec un groupe d’amis et on devait tourner le clip à Mahambo. Mais avant cela, nous avons décidé de passer quelques jours à Foulpointe.
Nous avons apporté tout l’argent nécessaire, un réalisateur est également venu avec nous. Tout le programme était déjà parfaitement mis au point, le matériel était complet (drone, caméras, etc.). Mais malheureusement, la veille du tournage, on nous a braqués, ils ont pris mon sac qui contenait tout l’argent, mes affaires personnelles, mon smartphone ainsi que trois montres de marque :(.
Mais cela ne nous a pas empêchés de réaliser le clip même si nous étions obligés de changer tout le scénario et d’utiliser le peu de matériel qui restait à notre disposition. On s’est démerdé comme des fous ! Et aujourd’hui, on en rit. Mais imaginez la galère que nous avions vécue… Après la pluie le beau temps, comme on dit :).
De tout ça, nous en sommes fiers à l’heure actuelle, car même si nous étions obligés d’improviser du début à la fin, on peut voir que le résultat était quand même satisfaisant xD.
Un petit mot pour terminer cette interview ?
Euh… je ne sais pas :). J’essayerai de survivre malgré les difficultés. Et là, j’en profite pour vous inviter à venir à mes spectacles et cabarets :).
Sur les réseaux, nombreuses sont les personnes à me faire des retours positifs. Pourtant lors des spectacles, elles ne sont pas toutes présentes. Je vous invite donc à me soutenir et à m’encourager, mais surtout à venir me voir.
Parfois ça déçoit de voir plein de compliments sur les réseaux alors que quand il s’agit de soutenir directement il n’y a quasiment personne ! J’exagère bien sûr, en disant qu’il n’y a personne, mais j’aimerais juste dire que je m’attends toujours à voir beaucoup plus de monde surtout pour mes concerts à Antananarivo xD.