Capitaine des BAREA de Madagascar, attaquant de notre équipe nationale… je ne vous présente plus Faneva Imà Andriatsima. La CAN (Coupe d’Afrique des Nations) 2019 a permis de mettre en exergue le talent de nos joueurs, mais surtout le dévouement de notre cher capitaine. Mais à quel point le connaissez-vous ? C’est une mère très fière et remplie d’émotions qui se confie au Stileex Post pour raconter le parcours de son fils, le numéro 9 national. Interview.
Quelle est votre réaction par rapport à la victoire des BAREA de Madagascar ?
Je suis ravie, c’est merveilleux ! Cette victoire n’est pas que pour Faneva, mais pour tout le peuple malgache et Madagascar. Je souhaite que notre équipe aille très loin dans cette compétition, surtout pour cette première participation de Madagascar à la Coupe d’Afrique des Nations.
Faneva Imà Andriatsima a donné le meilleur de lui-même pour réunir les joueurs et faire de cette CAN un succès pour les Malgaches et rendre fière cette Nation. Je vous l’avoue, je ne regarde pas souvent les matchs à la télévision, celui des 1/8 de finale non plus, mais ses sœurs ont crié tellement fort hier après son but face à la République Démocratique du Congo que je n’ai pas pu m’en empêcher. J’étais tout simplement heureuse, d’autant que mon fils a essuyé pas mal de critiques ces derniers temps.
Je peux vous assurer que cette équipe est très unie. Ils sont liés même quand ils sont à l’étranger. J’en ai été témoin durant mon séjour chez Faneva. Pour tout vous dire, Faneva est même le témoin de mariage de Bolida, ce sont de grands amis d’enfance.
Racontez-nous les débuts de Faneva Imà Andriatsima en tant que joueur de football ? Votre famille l’a toujours soutenu ?
Je dois vous avouer que je ne voulais pas que mon fils joue au football. Je voulais qu’il fasse des études, comme on dit en malgache : « Ny fianarana no lova tsara indrindra ». Je n’avais rien contre ce sport, mais pour moi, mon fils devait faire de grandes études, réussir à l’université. D’autant qu’il était doué à l’école.
Il a fait ses études chez les bonnes sœurs de Tsaramasay avant d’obtenir son BEPC/Seconde au Lycée Jean Joseph Rabearivelo. Cependant, au regard de la passion qui l’a animé depuis toujours pour le football, Faneva n’a pas voulu y faire ses études. Il a donc passé ses années lycée à Manjakaray pour pouvoir se rapprocher de son stade d’entraînement.
Vous savez, le football et Faneva, c’est une grande histoire d’amour. Aussi loin que je me souvienne mon fils a toujours joué au football. À l’âge de quatre ou cinq ans, il perdait ses chaussures et ses vêtements en jouant au foot dans les rizières. Tous nos voisins étaient au courant de cet amour que Faneva avait pour le ballon rond.
Je me souviens des nombreuses convocations de parents à l’école auxquelles j’ai dû assister parce qu’il passait son temps à jouer au foot. Je lui passais souvent un rude savon ! Nous nous sommes disputés longtemps à ce sujet. Bien sûr, quand je dis « nous », je parle de moi. J’ai été très réticente à ce que mon fils entre dans cet univers. Vous savez, le coût de la vie à Madagascar n’est pas aisé. Et mon mari et moi, n’ayant pas fait de grandes études, nous voulions et voulons encore ce qu’il y a de mieux pour nos enfants.
Pour sa dernière année au lycée, et justement pour la semaine du Baccalauréat, Faneva a voulu aller à Diégo pour une compétition de football. Là encore, ce fut la grande dispute entre nous. Sans compter qu’un membre de ma famille est venu me remonter les bretelles et me convaincre de laisser mon fils jouer pour cette compétition. Que dire de plus ? Je me suis enflammée et j’ai jeté toutes les affaires de Faneva par-dessus la fenêtre.
Il est rentré, surpris et très attristé en voyant ses vêtements au sol. Il m’a demandé pourquoi je faisais une telle chose et je lui ai laissé un ultimatum : soit tu choisis le foot et tu pars de chez moi, soit tu choisis les études.
Il a ramassé ses affaires avec tristesse et m’a demandé : « Neny, tu ne me laisseras plus jouer au football ? ». Je lui ai alors dit que les études étaient très importantes pour moi, que ça ne devait jamais passer au second plan surtout avec la hausse constante des écolages. Je lui ai clairement dit que je voulais qu’il obtienne son Baccalauréat, que tant que ses parents se donnaient la peine de lui trouver les fonds nécessaires pour ses études, il se devait de les faire. Je voulais qu’il devienne ingénieur pour qu’il soit respecté de ses pairs. Je ne voulais surtout pas qu’il essuie les critiques des mauvaises langues en devenant footballeur. Il a alors obtenu son baccalauréat et même eu un BTS électrotechnique.
Un jour, les membres du Club « Ravinala » sont venus nous voir pour recruter Faneva. Et c’est là que mon fils m’a annoncé qu’il était membre d’Usca foot. Ce fut un choc, mais bon ! Je peux vous dire que Faneva en a bavé là-bas.
Je tiens une petite épicerie. Il y a eu des moments où il piquait dans les yaourts que je vendais pour pouvoir se revigorer. Il en prenait trois le matin et trois le soir. Ce fut une période dure, mais mon fils a été persévérant. Il s’est donné les moyens avec son entraîneur pour pouvoir postuler dans des clubs à l’étranger.
Je l’ai aidé à quitter Usca foot parce qu’à cette époque j’ai ressenti la passion que mon fils avait pour le football. Il est allé une semaine à La Réunion pour faire des tests. À son retour, son entraîneur, qui n’en fut pas au courant, est venu nous voir.
Surpris, il a demandé à Faneva s’il avait signé un engagement, Faneva avait répondu par la négative. Son Coach de l’époque lui a alors demandé s’il voulait aller en France, et mon fils, très naturellement, lui avait répondu : « jouer en France a toujours été un rêve pour moi ». C’est là que tout s’est enchaîné, il a obtenu son premier contrat pour Nantes.
Avez-vous rencontré des difficultés pour cette nouvelle étape dans la vie de votre fils ?
Certaines personnes nous ont menacé de ne pas envoyer notre fils jouer à l’étranger. Mais mon mari, têtu comme il est, ne s’est pas laissé faire. Je dois aussi souligner que pour ce voyage nous n’avons déboursé aucun centime.
Lorsque l’avion a décollé, mon mari a eu la larme à l’œil. De mon côté, j’ai été émue de la tournure qu’a prise la vie de mon fils. Je lui ai donné toute ma bénédiction pour qu’il réussisse et vive son rêve.
Si vous le permettez, pouvez-vous nous dire si Faneva Imà Andriatsima a des frères et sœurs ?
Oui 🙂 ! J’ai quatre enfants, deux filles et deux garçons. J’ai une fille aînée et Faneva Imà Andriatsima est le deuxième de mes enfants, il est aussi l’aîné de mes fils. J’ai ensuite eu une fille et un petit dernier.
J’aime bien les différents noms de famille, ce qui fait que tous mes enfants ont des noms différents. Faneva porte le deuxième nom de son père qui se nomme RAMANJEHIMANANA ANDRIATSIMA Emmanuel.
D’où son nom ANDRIATSIMA Faneva Imà. Ses frères et sœurs s’appellent :
- Ramanjehimanana Irma
- Iarivola Faniry Mercia
- Andriarimanana Fenitra
Parlez-nous de la famille de Faneva Imà Andriatsima
Faneva est marié à une Malgache depuis le 13 juin 2009. Il a deux fils, Daren et Aren. Le premier est né ici et le second en France. Faneva et sa femme essaient de parler malgache à leurs enfants. Cependant, ce n’est pas toujours facile étant donné qu’ils vivent dans un pays francophone.
Cela ne les empêche pourtant pas d’inculquer les valeurs malgaches à mes petits enfants. Ils les ont baptisés à Madagascar et ont fait leur « didi-poitra » (circoncision) ici.
Quel est le plat préféré de Faneva ? Est-ce qu’il cuisine ?
Il adore le « tongo-kisoa » xD. Eh oui, il cuisine, il fait même le ménage et participe à l’organisation de son foyer quand il n’est pas à l’entraînement.
Faneva Imà Andriatsima a t-il d’autres passions et hobbies à part le football ?
Non, le football est à la fois une passion, un hobby et un métier pour Faneva. Il n’a vécu que pour ça, c’est toute sa vie. Et il a tout donné pour me prouver que le football est un sport qui en vaut la peine. Je suis fière de lui !
Votre fils a t-il toujours eu ce caractère positif, qui aime encourager ? Comment était-il enfant ?
Mon fils est une personne très simple. On le surnomme « Ramora » justement pour son caractère ouvert. Il aime ses amis, sa famille. Peu importe qu’on le critique, il est toujours resté le même. De plus, il est très sincère.
Il n’a jamais changé, il est resté le même depuis son enfance. C’était un enfant obéissant malgré toutes nos divergences d’opinions. Il admire aussi son père. Ce dernier est celui qui l’a le plus soutenu, d’ailleurs en ce moment il est en Egypte pour lui témoigner son soutien pour cette CAN. Vous savez, je pense que Faneva a toujours eu le sport dans son sang. Son grand-père paternel était rugbyman.
Faneva est-il toujours en contact avec ses amis d’enfance ?
Oui, comme je l’ai dit mon fils est une personne très simple. Il est encore en contact avec ses amis.
Faneva est-il impliqué dans la vie communautaire du quartier où il a vécu ?
Oui, quand il vient à Madagascar, il a l’habitude d’emporter avec lui une valise pleine de godasses et de ballons. Ils les distribuent aux clubs locaux pour les joueurs de football en herbe.
Avez-vous déjà rencontré Nicolas Dupuis ? Comment le trouvez-vous ?
Oui, j’ai rencontré Nicolas Dupuis une fois dans un restaurant de Tananarive. Ce fut un moment riche en émotion. J’ai pu faire la connaissance d’un homme simple et très humble.
D’ailleurs, j’ai une petite anecdote là-dessus. Lors de la rencontre avec le coach Dupuis, Faneva devait prendre la parole et faire un discours. Du coup, il est venu demander à son père, qui est mpikabary, comment faire. Ça a beaucoup fait rire M. Dupuis.
Un message pour votre fils ?
Je lui souhaite d’atteindre ses objectifs et l’encourage de tout mon cœur. Faneva, je suis fière de toi :).
Le Stileex post remercie la mère de Faneva Imà Andriatsima pour cette interview. Nous avons eu la chance de rencontrer, à l’instar de son fils, une femme simple, généreuse et humble. Faneva, un homme courageux, véritable reflet de la signification du nom Barea de Madagascar a, rappelons-le, rassemblé avec coach Dupuis cette équipe qui ne cesse aujourd’hui de nous faire rêver. L’équipe du Stileex Post réitère son soutien inconditionnel à Faneva et à l’équipe nationale malgache. ALEFA BAREA !