Page De Garde Graffiti

Ah, la page de garde. Ce fameux terrain d'expression libre, ce Picasso en herbe qui sommeille en nous et qui se réveille soudainement avec un bic bleu et une envie folle de personnaliser son cahier. Qui n'a jamais succombé ? C'est un peu comme décorer un sapin de Noël... mais en plein mois de septembre et avec moins de boules (et plus de fautes d'orthographe, soyons honnêtes!).

On commence timidement, avec un simple "Mathématiques" soigneusement calligraphié (ou pas!). On se sent presque un artiste. On visualise le regard admiratif du prof... Bon, la réalité est souvent plus proche d'un vague haussement d'épaules. Mais l'espoir fait vivre!

Puis, l'inspiration (ou plutôt, l'ennui profond) frappe. On se lance dans des gribouillages plus ou moins élaborés. Des cœurs transpercés, des initiales entrelacées (souvent celles d'un amour secret qui ne durera jamais plus longtemps qu'un contrôle surprise), des dessins improbables de voitures de course (même si on préfère le bus scolaire, secrètement). C'est notre petit jardin secret sur papier.

Le Bestiaire de la Page de Garde

On retrouve souvent les mêmes protagonistes :

• Le Schtroumpf (indémodable). Pourquoi les Schtroumpfs ? Mystère et boule de gomme. Mais ils sont là, fidèles au poste, souvent armés d'une règle et d'un compas.
• Le Manga, version approximative. On a tous essayé de dessiner ces grands yeux expressifs... Le résultat était généralement plus proche d'une grenouille sous acide.
• Le Logo de groupe de rock (souvent inventé). Parce qu'on était tous des rockstars en devenir, bien sûr. Même si on ne savait jouer que "Au Clair de la Lune" au piano.

Et puis, il y a les messages codés. Des citations philosophiques pompées sur internet (ou, plus vraisemblablement, recopiées d'un emballage de chewing-gum), des devises à la motivation douteuse ("Vivre d'amour et de frites !"), des réflexions existentielles sur le sens de la vie (ou sur le prix de la cantine). C'est un peu notre Twitter avant l'heure.

Le Style, c'est l'Homme... enfin, l'Élève

La page de garde, c'est un baromètre de notre humeur, de nos préoccupations, de nos rêves (souvent inavouables). On y retrouve nos joies, nos peines, nos amours, nos examens ratés (souvent camouflés sous une épaisse couche de gribouillis rageurs). C'est un peu comme regarder une vieille photo de nous avec une coupe de cheveux improbable. On grimace, on rigole, on se souvient.

Parfois, on ose la déclaration d'amour. Un simple "J'aime [Nom de l'élu(e) de notre cœur]" griffonné en tremblant. L'équivalent d'un message dans une bouteille jetée à la mer. Parfois ça marche, parfois ça fait juste un flop monumental. Mais au moins, on aura essayé. Et puis, il y aura toujours la page de garde du cahier suivant pour retenter sa chance!

Alors, la prochaine fois que vous tombez sur une vieille page de garde, prenez le temps de la regarder. Vous y retrouverez peut-être un morceau de votre âme d'enfant, une bouffée de nostalgie, un sourire en coin. Et vous vous direz, avec tendresse : "Ah, la la, qu'est-ce qu'on était cons... mais qu'est-ce qu'on s'amusait!"