L’équipe des Barea de Madagascar s’est imposée dans cette CAN (Coupe d’Afrique des Nations) 2019, alors qu’elle y participe pour la première fois. Eh oui ! Quelle fierté pour Madagascar, qui est alors actuellement sous les feux des projecteurs. Ces victoires sont l’œuvre d’une équipe soudée et forte. Un des piliers de cette équipe, Abel Anicet Andrianantenaina, le milieu de terrain des Barea, troisième capitaine de l’équipe dans la hiérarchie, a su nous faire vibrer durant ses trois semaines de compétition. Sa famille fière et comblée se confie au Stileex Post !
Racontez-nous les débuts d’Abel Anicet en tant que footballeur
Je vous avoue que le foot est une passion pour toute la famille. Il y joue depuis l’âge de 5 ans. Il a commencé à jouer avec le club du fokontany, dans notre quartier. Il n’aimait pas jouer avec les enfants de son âge, il préférait se confronter aux plus grands.
Après avoir passé un moment à jouer dans le club du fokontany, il est entré à l’Ajesaia (Association des Jeunes Sportifs de l’Avenir Inter-Arrondissement) quand il avait 10 ans. Auparavant, il aimait aussi jouer au basket, mais il a choisi le foot et une fois qu’il a intégré le club, il a complètement oublié le basket-ball.
Certains joueurs au sein des Barea de Madagascar ont grandi avec Abel Anicet au sein du club Ajesaia, à l’instar de Lalaina Nomenjanahary.
C’est à l’Ajesaia qu’Abel Anicet a trouvé l’opportunité d’aller plus loin et de partir à l’étranger. Il a commencé à participer au Mondial Pupilles Plomelin en France en 2001, il a été vraiment méritant lors de cette compétition. Grâce à sa performance, il a été retenu en France et a intégré l’école de foot pour ensuite rejoindre le club AJ Auxerre (Association de la Jeunesse) en 2004, où il est resté 5 ans. Son rêve s’est alors réalisé.
Puis, grâce à sa persévérance et son travail, il a réussi à intégrer le club professionnel d’AJ Auxerre en 2009 jusqu’en 2011.
En ce qui concerne l’équipe nationale, il l’a rejoint en 2007, puis il a disputé son premier match avec les Barea lors de l’élimination de la CAN 2017.
Depuis 2014 jusqu’à aujourd’hui, il joue dans le club Ludogorets Razgrad en Bulgarie.
Vos réactions suite aux victoires des Barea lors de la CAN ?
Cette qualification à la CAN et les victoires successives des Barea sont une fierté pour toute la famille, surtout pour moi sa mère. On ne rate aucun match et toute la famille et quelques voisins se réunissent devant la télévision pour suivre les rencontres.
J’avoue que j’avais de la peine pour lui, car pendant les mois qui précédaient cette CAN, il ne s’est jamais reposé.
Nous sommes allés le voir en Bulgarie au mois de mars, et nous n’avons même pas pu passer de temps ensemble, car une fois le championnat de Bulgarie terminé, il a dû s’entraîner pour la CAN. D’ailleurs, après cette CAN, il va encore devoir jouer pour l’éliminatoire de la ligue des Champions en Bulgarie. Il enchaîne les matchs sans repos.
Avez-vous déjà rencontré les autres joueurs ? Comment trouvez-vous la fraternité et la solidarité au sein de l’équipe des Barea ?
La fraternité au sein des Barea est vraiment magnifique, j’ai été témoin de la solidarité et de l’amour au sein de cette équipe lors de leur dernier passage à Madagascar, j’ai pu les rencontrer au Carlton Anosy le 10 juin dernier. Anicet a même dit que quand il est avec les Barea, il oublie son club Ludogorets. Il y a une bonne ambiance et une grande solidarité dans cette équipe, et ça se reflète dans les matchs.
Abel Anicet a été élu homme du match deux fois lors de la CAN, quelles sont vos réactions ?
Je trouve sincèrement qu’il le mérite, car il joue vraiment avec son cœur. Je suis particulièrement fière de mon fils, surtout quand je vois tout ce qu’il a enduré avant cette CAN, car comme je l’ai dit, il n’a pas eu une minute de répit ces derniers mois.
Qui sont les footballeurs qu’il admire le plus ?
Il est un grand fan de Didier Drogba, cette star du foot est son idole depuis son enfance. Il admire également Jerôme Boateng.
Y a-t-il une personne dans la famille qui l’a personnellement inspiré ou incité à jouer au football ?
Il aimait jouer au ballon (basket, foot…). Mais son choix s’est porté sur cette discipline sous l’influence de mon frère. Son oncle était, à l’époque, un joueur de foot professionnel dans le club Saint Michel aux Seychelles. Il a vu qu’Anicet était particulièrement habile avec le ballon, il l’a alors poussé à aller plus loin, c’est là qu’il a intégré l’Ajesaia et nous l’avons tous soutenu.
A-t-il toujours été passionné de football ?
Oui, Anicet est passionné par ce sport depuis toujours. Il voulait vraiment aller loin dans ce sport, il en a même quelquefois délaissé ses études.
Abel Anicet est-il marié ? A-t-il des enfants ?
Anicet n’est pas encore marié et n’a pas d’enfant, mais il est en couple avec une jeune espagnole.
Comment réagit-il face aux commentaires des jeunes filles à propos de lui sur Facebook ?
Il en rit juste, il nous les montre et on en rit ensemble.
Est-ce-qu’Abel Anicet a des frères et sœurs ?
Oui, Anicet a sept frères et sœurs, j’ai huit enfants, cinq garçons et trois filles. Anicet est le sixième de mes enfants. Ils ont tous grandi ensemble dans notre quartier à Andraisoro.
Quelles sont les difficultés qu’il a rencontrées dans son parcours ?
Anicet, et ses frères et sœurs n’ont pas toujours connu la belle vie. Nous n’étions pas riches, nous avions huit enfants, et c’est vrai que s’occuper d’eux n’était pas facile. L’argent qu’on gagnait n’était pas du tout suffisant pour subvenir à nos besoins, écolage des huit enfants, loyer, la JIRAMA, etc.
Ils nous ont tous aidés comme ils le pouvaient. Anicet a quelques fois dû acheminer des briques ou transporter de multiples bidons d’eaux pour les voisins afin de gagner un peu d’argent et nous aider.
Son frère : Nous sommes reconnaissants envers nos parents, malgré les difficultés, ils se sont acharnés et ont travaillé durs pour réussir à subvenir à nos besoins. Conscients des difficultés, nous nous débrouillions chacun pendant nos temps libres pour gagner de l’argent et ainsi alléger les charges de la maison.
Anicet devait faire le trajet Andraisoro-Itaosy à pieds pour aller aux entraînements de son club Ajesaia chaque mercredi après-midi et samedi parce qu’il n’avait pas de sous pour payer les frais du bus.
Notre père est aussi celui qui a le plus poussé Anicet dans sa carrière. Il l’a toujours soutenu et il l’a encadré afin d’être plus performant. Le succès d’Anicet est en grande partie grâce à lui. Malheureusement, il n’a pas pu assister à la signature professionnelle d’Anicet, il est décédé en janvier 2008. Ces difficultés ont été un moteur pour parvenir à être là où nous sommes.
Comment est-il au quotidien ?
Anicet est très sociable, il est très généreux et a le cœur sur la main. Dans son club Ludogorets, ses coéquipiers disent qu’ils manquent d’animation sans lui, et quand il est présent, on l’entend toujours parler.
Il est aussi quelqu’un de très ponctuel, il ne tolère pas le retard, pour lui, l’heure c’est l’heure.
Son défaut ? Il est têtu. Il aime bien embêter les gens, c’est un gamin turbulent depuis toujours. Mais malgré ce petit défaut, il s’entend bien avec tout le monde car par-dessus tout c’est un bon garçon.
Racontez-nous une anecdote à propos d’Abel Anicet
Comme je l’ai dit, c’était un enfant têtu. Quand il était petit, il n’aimait pas du tout se faire couper les cheveux. Son père devait lui donner de l’argent, pour qu’il accepte de se les faire couper. C’était pénible, car chaque fois qu’on devait arranger sa coupe, il fallait le payer. 😀
Parlez-nous un peu de son enfance ? Comment était-il avec ses frères et sœurs ? Et ses amis ?
Comme je l’ai mentionné avant, Anicet est depuis toujours un gamin têtu et turbulent, il aime bien embêter les autres. Il faisait pleurer au moins un enfant tous les jours. Il a ce caractère un peu rebelle, mais il reste généreux et sociable. Il ne se comportait pas de la même façon avec ses frères et sœurs, il savait tout de même comment agir avec les filles et les garçons, il était plus tendre avec ses sœurs.
Son frère : Il a toujours été celui qui nous incitait à faire des bêtises, puis quand on se faisait gronder, il allait se cacher.
A-t-il aspiré à faire un autre métier que celui de footballeur ?
Sincèrement, il n’a jamais pensé à faire autre chose. Il est tellement passionné par le foot. D’ailleurs, en classe de troisième avant l’examen du BEPC, il a voulu arrêter l’école, il disait qu’il n’était plus intéressé et qu’il préférait se consacrer au football. Mais nous l’avons toujours soutenu, car sa passion pour le foot est sûrement un don de Dieu.
Finalement, je suis fière de lui en le voyant là où il en est maintenant.
À part le foot, quelle est sa passion ?
A part le foot, jouer à la « PlayStation » est sa grande passion.
Que fait-il pendant ses temps libres ?
Il est toujours collé à sa console « PlayStation ». Il est tellement passionné qu’il ne passe ses temps libres qu’à jouer aux jeux vidéo, notamment à FIFA.
Est-ce qu’Abel Anicet aime cuisiner ? Quel est son plat préféré ?
Oui, Anicet aime cuisiner, surtout depuis qu’il vit en Bulgarie car il y vit seul et doit s’occuper de lui. Il adore les crevettes et le poulet sauce.
Qu’est-ce que ça fait d’être la mère d’un footballeur malgache international ?
C’est une grande fierté, surtout que toute la famille est passionnée par le football, et nous le soutenons tous. Des fois, les voisins viennent frapper à notre porte pour nous parler, nous raconter qu’Anicet apparaîssait dans le journal, pour demander de ses nouvelles ou contre qui il allait jouer. Pour moi sa mère, c’est particulièrement réjouissant que tout le monde reconnaisse les qualités de mon fils.
Et enfin, un petit message pour Abel Anicet
Je voudrais juste dire que je suis très fière de mon fils et des Barea de Madagascar. Je prie Dieu chaque jour pour Le remercier d’avoir béni et guidé cette équipe nationale malgache. Je souhaite de tout cœur qu’ils aillent le plus loin possible.
Nous remercions la mère et les frères d’Anicet Abel Andrianantenaina de s’être confiés à nous lors de cette interview. Nous avons eu la chance de faire connaissance avec une famille généreuse, simple et sociable qui n’a pas hésité à nous recevoir et à nous raconter le parcours inspirant du footballeur de Barea de Madagascar. Cette équipe porte haut les couleurs de Madagascar « maitso fotsy mena » en s’imposant dès sa première participation à la CAN, et surtout, elle n’a pas fini de nous faire rêver.
Que dire de plus ? ALEFA BAREA !