Côté décoration, vous aurez remarqué qu’un aquarium fait toujours forte impression, surtout lorsqu’il est rempli d’espèces aussi exotiques qu’exceptionnelles. Cet effet, Anjana Ramanantoanina l’a compris et l’a tourné à son avantage. En créant la société Blue Marina, il se lance dans une activité très peu explorée à Madagascar : l’import-export de poissons exotiques d’ornement. Découvrez le parcours et les projets de ce jeune entrepreneur malgache ambitieux qui est aussi agile dans son milieu qu’un « poisson dans l’eau » :p.
Qui est Anjana Ramanantoanina ?
Je m’appelle Anjana Ramanantoanina, je suis le fondateur de la société Blue Marina SARL. Cette dernière est spécialisée dans l’import-export de poissons d’ornement.
Toutefois, on aimerait également diversifier nos activités, notamment importer d’autres animaux et répondre à des commandes de chiens de races spécifiques comme le husky et le malamute, ou bien d’autres espèces plus exotiques (des serpents par exemple).
Anjana, peux-tu nous décrire ton parcours ?
Concernant mon parcours, j’ai étudié au lycée Saint Michel Amparibe. Après avoir obtenu mon Baccalauréat, j’ai décidé de poursuivre mes études à l’Université Catholique de Madagascar où j’ai acquis une licence en sciences sociales du tourisme appliquées au développement. Par la suite, j’ai terminé mon Master à l’Université de Lausanne, spécialisé dans le tourisme international. En parallèle, j’ai suivi une formation d’Audreco en France, qui consistait à faire une étude sur des animaux d’ornement, notamment les poissons.
Comment gères-tu ta routine ?
Je me lève à 6h du matin et je me couche vers minuit. Je pars de la maison vers 7h30 ou 8h et je ne rentre que vers 21h. Là je me mets à bouquiner ou je regarde des émissions japonaises puis je fais des recherches et je dresse mon planning du lendemain. Les week-ends je m’adonne aux danses de salon comme le Bachata. Le dimanche, je reste en famille ou je m’offre une virée hors de Tanà.
Quelles sont tes passions en dehors de tes activités professionnelles ?
Je suis adepte de sensations fortes, de natation et de lecture. En termes de vie associative, je suis membre d’une association qui regroupe des entrepreneurs. Je fais également des donations, par exemple, quand j’étais à l’étranger j’ai fait un don pour les enfants défavorisés de Madagascar. J’offre aussi des fonds à la WWF pour conserver certains écosystèmes. Et des fois, quand j’en ai l’occasion, je participe à des manifestations comme pour la préservation de l’environnement.
As-tu des poissons chez toi ? Lequel est ton préféré ?
Bien sûr que j’en ai à la maison xD. Mon préféré est le combattant crowntail noir, j’aime ce poisson car il est très noble de par sa posture et sa couleur.
Anjana Ramanantoanina, quels sont les gestes à adopter pour prendre soin d’un poisson ?
Pour faire simple, vous pouvez choisir d’acheter un nano-aquarium de 3 à 4 litres pour économiser de l’espace. Idéal pour les enfants, vous pouvez également le poser sur votre table de chevet ou sur votre bureau. Pour l’eau, celle du robinet convient, à condition de la laisser reposer pendant 48 heures avant l’utilisation. Celle du puits peut aussi faire l’affaire. L’eau de l’aquarium doit être changée tous les 3 jours, mais il faut en garder la moitié pour conserver les bonnes bactéries qui assurent la qualité environnementale du poisson.
Passons aux choses sérieuses… Parle-nous un peu de Blue Marina et des origines de ce nom
Blue Marina se focalise sur la distribution et nous essayons constamment de changer le circuit sur lequel nous travaillons. En effet, à part notre magasin à Analakely, nous essayons d’échelonner nos produits dans différents centres commerciaux. Nous avons l’intention d’ouvrir d’autres succursales en partenariat avec d’autres sociétés. Mais nous voudrions également avoir un local où nous serions les seuls maîtres à bord.
À propos de la signification de Blue Marina, on a choisi ce nom tout d’abord pour sortir du lot et pour l’originalité, un nom qui fasse « international ». Effectivement, « Blue » fait référence à ma couleur favorite et renvoie aussi à l’océan. Lors de mes voyages, j’ai pu voir la Marina, un complexe touristique construit en bord de mer. Elle forme un ensemble de logements et d’installations tels qu’un centre commercial, un hôtel, une plage privée, etc. Et c’est à peu près comme de là que l’idée de ce nom m’est venue.
Qu’est-ce qui t’a poussé à créer Blue Marina ? Les poissons d’ornement sont-ils rentables ?
Je l’ai créé en me disant que les poissons d’ornement constituaient un marché mondial assez important. Blue Marina, pour moi, c’est une manière d’inciter les gens à aimer et à montrer que tout cela existe bel et bien.
Nous allons orienter d’autres partenaires locaux et étrangers à investir dans l’un de nos projets, celui qui consistera à créer un parc privé. Nous espérons collaborer avec des organismes de protection de l’environnement comme WWF ou Nature découverte. À Madagascar, il y a plein d’animaux endémiques qui sont négligés, notamment les poissons comestibles qui vivent dans les étangs.
Officiellement, nous sommes en activité depuis un an et demi, nous avons testé le marché, mais avant cela nous avons déjà eu des demandes. Effectivement, nous avons pris pour cible des magasins qui existent depuis plusieurs années à Madagascar comme Tropical aquarium à Faravohitra. C’est en participant à des foires que nous avons constaté que le marché existait. Du côté de la consommation, on peut dire qu’elle est encore timide. Toutefois, nous pensons que cela vient surtout du fait que les personnes ne connaissent pas le produit. D’ailleurs, notre équipe met tout en œuvre pour que cette situation s’améliore. Nous avons créé une gamme avec une fourchette moyenne de 15.000 Ariary à 200.000 Ariary pour assurer le marché malgache.
« À MES YEUX, BLUE MARINA REPRÉSENTE UNE OPPORTUNITÉ POUR PARTAGER MA PASSION DES ANIMAUX ET UN LIEU PROPICE POUR PERMETTRE AUX GENS DE MIEUX CONNAÎTRE LES ESPÈCES AQUATIQUES. »
Anjana Ramanantoanina
Qu’est-ce qui t’a permis de créer ta société ?
Mes nombreux voyages m’ont permis de tisser des contacts avec ceux qui étaient déjà dans le milieu. Puis, j’ai travaillé un certain temps dans l’aquariophilie de Lausanne, nous faisions des ventes un peu partout dans toute la Suisse. Suite à cela j’ai appris tout ce dont j’avais besoin sur les poissons d’ornement comme leur prix et leur provenance, leur production.
Je me suis alors centré sur les réseaux en République Tchèque, là où il y a la majorité des producteurs et des grossistes de poissons d’ornement qui revendent en Allemagne, en France et même aux États Unis. C’est de là que j’ai eu un contact avec un docteur en biologie marine Américain. Il avait créé un groupe qui ralliait les exportateurs et importateurs de poissons d’ornement dans le monde. Une fois dans le groupe, c’était facile de créer des liens avec l’ensemble des personnes qui se trouvaient aux quatre coins du monde. Pour le financement, il était en grande partie issus d’un cercle familial. Je ne me suis pas orienté vers les emprunts.
Pour quelle raison as-tu choisi d’investir à Madagascar et pas dans un autre pays ?
J’ai tout d’abord décidé d’investir à Madagascar parce que lorsque j’étais encore à l’étranger j’ai constaté que c’était moins cher par rapport à un investissement en Europe. Je trouvais aussi que notre pays manquait de distractions et d’activités. Notre pays a le mérite d’être la plus grande île de l’Océan Indien, pourtant nous n’avons pas d’aquarium national.
Quelles difficultés as-tu rencontrées lors de la création de Blue Marina ?
La toute première était de trouver l’idée : Que fallait-il faire à Madagascar ? J’ai choisi l’import-export, car l’île a tout de même un potentiel énorme. Ensuite, à la recherche de produits inexistants, je me suis un peu orienté vers tout ce qui se faisait. J’ai alors constaté que, soit ça impliquait un énorme investissement, soit ça impliquait un cercle fermé de réseaux uniquement accessibles grâce à une relation.
Ça nous a pris un an pour que la société soit entièrement fonctionnelle à cause de la paperasse administrative. Effectivement, nous comptons parmi les seuls à être enregistrés dans le pays en tant qu’importateur-exportateur de poissons d’ornement au sein du Ministère. La plupart ne connaissaient pas ce qu’était un poisson d’ornement. Nous devions faire des infrastructures conformes aux normes internationales, mais le souci c’est qu’ils n’avaient pas ces normes. Du coup, ils nous ont relégué avec l’ensemble de la restauration et de la poissonnerie pour obtenir une inspection adéquate. Cette chose faite, les complications se sont poursuivies avec l’incertitude de certains bureaux qui ne savaient pas quels papiers administratifs nous donner. C’était quasiment à nous de tout faire pour nous munir des papiers nécessaires à notre activité.
Par ailleurs, concernant les fournisseurs, on aimerait acheter des produits qui viennent de différents pays comme l’Asie, l’Europe ou les États-Unis. Toutefois, le problème reste l’appréhension de l’autorité sanitaire de Madagascar vis-à-vis des produits qui viennent d’Asie. Ils ont toujours refusé nos demandes pour Singapour. Le fait qu’il n’y ait pas assez de vols directs pour Madagascar est aussi handicapant, sans parler du coût exhorbitant des vols.
Pour la création des aquariums, comment vous procurez-vous les vitres ?
Actuellement, on se fournit en verre ici à Madagascar. Cependant, nous envisageons l’option du plexiglas que nous allons faire parvenir directement de Chine. Nous voulons cibler de gros clients tels que les grands hôtels, qui feront des commandes d’aquarium de 2 000 à 4 000 litres.
Selon toi, que faut-il pour être entrepreneur ? À quel moment t’es-tu décidé à en devenir un ?
Il faut surtout garder la tête sur les épaules parce qu’être entrepreneur c’est s’assurer d’une nouvelle aventure tous les jours. On ne peut jamais anticiper les soucis et les problèmes. Cependant, il faut toujours trouver les solutions adéquates. Tout ça peut nous amener à nous décourager et peut-être même à « perdre le nord ».
Un jeune entrepreneur devrait avoir du courage et aimer bouquiner pour chercher à toujours s’améliorer. L’envie de créer et l’envie de développer doivent lui être propres. Il faut savoir écouter ceux qui ont déjà des expériences dans l’entrepreneuriat et ensuite tracer votre propre route. Lorsqu’on réalise des choses, on se rend compte que la pratique est très différente de la théorie.
Quand on est jeune, les gens peuvent nous juger en apparence, ou par la taille de notre entreprise. Mais en montrant ce qu’on vaut, on peut réussir à dépasser les préjugés. Au terme de mes études, j’ai voulu créer ma boite, je n’avais alors que 25 ans. Il fallait que je me décide dans quel secteur j’allais entreprendre. Au début, je voulais jongler entre un travail au sein d’une société tout en gérant ma propre affaire. À ce moment-là, j’ai pris conscience que pour se faire embaucher en étant jeune et novice, on devait se distinguer. Avec une expérience dans l’entrepreneuriat, même négative, nous avions bien plus de valeur aux yeux du recruteur.
Comment te vois-tu dans cinq ans ?
Blue Marina existe maintenant depuis plus d’un an et demi, et dans cinq ans je me vois bien avoir une grande boutique qui générera un chiffre d’affaires important. J’aimerais aussi me diversifier dans différents secteurs et j’ai l’intention d’implanter une variante de Blue Marina à l’étranger.
Anjana Ramanantoanina, peux-tu nous raconter une petite anecdote ?
Hmm.. Il y a une chose qui arrive très souvent. C’est assez drôle, lorsque les gens voient des poissons morts sur les étales des marchés, cela ne les dérange pas. Par contre, à la vue de nos produits, ils nous sortent des questions comme : « est-ce qu’on peut les manger ? » Ou « est-ce que ce sont des « trondrona vazimba » » ? Comme si on était des sorciers vaudous 😀 .
Les gens veulent tout le temps manger nos poissons alors je me suis dit : pourquoi pas ? Nous pouvons aussi nous lancer dans la poissonnerie un de ces quatre 😛 .
C’est toujours un réel plaisir pour l’équipe du Stileex Post de rencontrer des personnes ambitieuses et talentueuses à l’instar d’Anjana Ramanantoanina. Nous lui souhaitons bonne route.
A ceux qui veulent visiter leur boutique et trouver le bonheur parmis les multiples espèces aquatiques qu’ils proposent, vous trouverez le Blue Marina à SOARANO, lot Sibe 7 bis Andrianampoinimerina.